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Le regard de Pluton

Il y a de ces coïncidences qui ne s’inventent pas. La petite planète Pluton fut découverte en 1930, au moment où les recherches sur l’atome prenaient une ampleur insoupçonnée. Par le biais des hommes, le dieu Hadès allait bientôt se manifester dans sa brutale mansuétude. La bombe, les morts immédiats, les longues agonies radioactives.

Les civilisations n’étaient certes pas à leurs premières horreurs et chacune vécut en son temps la pleine mesure des catastrophes infligées. Mais avec Pluto, la volonté du cruel s’attribuait de nouveaux pouvoirs.

Freud, le " père " de la psychanalyse, est mort durant ces années. Tout comme pour l’atome, l’inconscient aller révéler sa puissance sans qu’on ne réussisse vraiment à l’amadouer.

Détrônée du statut de planète, qualifiée récemment de naine, Pluton n’en conserve pas moins aux yeux des astrologues son hégémonie sur les profondeurs de l’âme. Il y a ceci d’étrange que lorsqu’un corps céleste est découvert, il colore rapidement nos interprétations du présent. Ainsi vont les dieux. Céres, Chiron, Haumea, MakeMake, Eris, autant d’astéroïdes qui peuplent dorénavant l’imaginaire des astrologues. Il suffit de lever les yeux au ciel pour y relire notre histoire.

Pluton sur ce point, n’a pas terminé de nous surprendre. Aidé par l’intelligence artificielle, l’inconscient collectif explore et explose. Le dieu sort du royaume des morts, déglace les pensées givrées, expurge les bons sentiments.

Dans un thème natal, le passage de la microplanète peut passer inaperçu chez les uns et en affliger violemment d’autres. Rien d’étonnant à cela, car peu accordent d’importance aux voix intérieures.

Se voyant attribuer la gouvernance du Scorpion, les gens sous son ombre possèdent un esprit de glaive, des sentiments lents, mais tectoniques, une capacité à fusionner et refondre. À cause de cela, ils peuvent paraître terrifiants. Malgré le feu qui les animent, ils sont souvent froids du regard ou simplement désintéressés des autres jusqu’au jour où ils auront faim et soif pour un je-ne-sais-quoi qui leur échappe souvent. De là provient leur magnétisme. Une personne plutonienne peut le jour ressembler à un vampire et, la nuit, se transformer en elfe blanchâtre et sauvage.

Sur le plan collectif, Pluto montre plutôt l’animal en l’Homme et la Femme. Dionysos n’est jamais bien loin. L’apparente facilité du plaisir cache pourtant des pulsions plus voraces, fatales, incontournables.

Pluton représente le cycle amoureux de la vie avec la mort. Si le temps est gouverné par Chronos, l’acte de vivre ne peut se passer du désir et du sexe d’Hadès.

C’est probablement la plus kaléidoscopique des planètes qui, à travers la multitude de facettes, nous renvoie nos images naissantes, nos rêves sans cesse à renouveler.