Selon Richard Tarnas, dans Cosmos and Psyche, la planète Uranus serait mal nommée. Découvert en 1781, premier corps céleste à être découvert depuis l’Antitiqué, situé au-delà de l’orbite de Saturne, il semblait logique de lui donner le nom du père de Cronos : Ouranos.
Dans l’esprit collectif, cette trouvaille fortuite allait dans l’air du temps, la culmination des Lumières et l’arrivée des révolutions, tant américaine que française. Depuis, on associe l’astre à tout ce qui est subit, rebelle, spontané et libertaire. Toujours selon Tarnas, il eût mieux valu de donner à cette planète particulière – elle présente non pas son équateur mais ses pôles tour à tour face au soleil – le nom de Prométhée.
D’ailleurs, les astrologues associèrent rapidement Uranus au signe du Verseau, soit l’archétype de la pensée universelle, humaniste, mais aussi individuelle, farouchement tournée vers l’avenir.
Dans un thème de naissance, cette planète confère à l’individu une nature rebelle, imprévisible, invitant au génie ou à l’excentricité. Donald Trump est né avec une conjonction Soleil/Uranus. S’il est un homme à la stature particulière, c’est bien lui. De plus, il est né un jour de pleine Lune, tout pour lui conférer les qualités et les défauts d’un aventurier ou d’un être instable. En quelque sorte, Trump bouleverse la déjà trop rebelle et infantile nation américaine. Il est probablement davantage un symptôme que la cause de l’éclatement du fragile équilibre politique de ce pays. Et ce n’est pas le seul endroit où la croûte terrestre se fissure.
On peut s’attendre à tout avec Uranus/Prométhée. Pluton entre définitivement en Verseau. Un volcan se prépare. Des technologies nouvelles viennent électrifier, chambouler les esprits. L’intelligence artificielle permettra peut-être aux Hommes, aux Femmes et à leurs Enfants de s’affranchir du joug des vieux dieux et démons. Mais à quel prix? On ne le sait pas encore.
Nous sommes à l’ère des robots, de la fusion nucléaire, des découvertes de l’infiniment petit qui gouverne l’infiniment grand. La pensée humaine se branche à des écrans multicolores, rapides, prometteurs à en avoir le vertige. La connaissance est enivrante. L’univers s’ouvre devant nos yeux et notre conscience.
Deviendrons-nous plus grands que Nature, ou simplement une transformation cybernétique des anciens symboles? Ouranos, le dieu du ciel sombre et étoilé, fut trahi par la Terre, émasculé par son fils Cronos, ses testicules jetés à la mer. Autour d’eux se forma une écume d’où naquit Vénus.
Ce n’est pas la première fois que la Beauté naît du Sang. Prométhée fut puni par Zeus pour s’être approprié le feu divin et l’avoir donné aux Hommes et aux Femmes.
Pourrons-nous nous extirper de ce néfaste et sempiternel jeu de la Création par la Douleur? Quelles sont les promesses d’Uranus? Aurons-nous la force, l’habilité et l’audace de comprendre ce qu’est la véritable délivrance? En sais-je quelque chose? La frontière est très mince entre le chaos et l’ordre, entre la barbarie et la civilisation.
Le passage d’Uranus dans nos vies nous oblige à remettre en question, à renouveler notre contrat, notre participation à l’aventure humaine. Quand cette planète traverse, par exemple, le septième secteur d’un thème de naissance, on a tendance à prédire que l’individu divorcera, expérimentera une instabilité inhabituelle dans ses relations. En réalité, Uranus ne fait que rappeler le devoir premier de chaque personne de nourrir et respecter son propre feu.
Les révolutions n’ont pas à être sanguinaires et la liberté des uns peut s’inspirer et nourrir de celle des autres. L’Humanité a encore beaucoup à apprendre d’Uranus. Que les tremblements de terre de nos âmes et de nos imaginaires soient avec nous jusqu’à l’heure de nos derniers souffles.