Dans l’Antiquité, Mercure (Hermès pour les Grecs) était l’émissaire des dieux et le protecteur de commerçants, des orateurs, de scribes, des voyageurs et des voleurs. Autrement dit, Il était entremêlé dans les affaires de tous. Conséquemment, tel un diplomate naviguant dans les eaux marécageuses des actions humaines, Mercure ne possédait aucune honte. Sa connaissance était impartiale.
L’astrologie contemporaine lui associe les fonctions cognitives. Les deux signes dont il est maître, les Gémeaux et la Vierge, représentent les différentes facettes du mental. Il y a d’abord l’esprit jeune et curieux qui veut tout connaître et penser. Il y a aussi l’adulte qui doit commercer, négocier sa place. Un pur Gémeaux n’aura pas de mal à saisir les situations et ne s’en formalisera pas. Il analysera, mais ne jugera pas. Une Vierge classera, filtrera en vue de fabriquer des distinctions pures. Mercure en Vierge, c’est le raffinement de la connaissance.
Mercure est le lien entre l’esprit et le corps. Il n’est pas tant un cérébral, mais plutôt une tête chercheuse aux multiples antennes. Sa nervosité égale sa fragilité.
Tout est sujet à l’équilibre dans un thème natal et l’astrologue étudiera avec Mercure ce qu’un individu possède en matière de gestion cognitive. Avec un peu trop d’interférence lunaire, une personne ne sait si elle doit s’émouvoir ou raisonner, pas assez de Terre et la pensée, elle devient friable ou enflammée. Un voisinage avec Pluton et l’observation devient une froide sonde dans les abîmes du cerveau. Les mots peuvent devenir une arme.
Bien que les planètes tournent toutes dans le même sens autour du soleil, leurs différentes vitesses orbitales font en sorte qu’elles apparaissent parfois reculer dans le ciel par rapport à nous. Les astrologues nomment ce phénomène le mouvement rétrograde et il survient environ trois fois l’an pour Mercure (un peu moins de 90 jours par année). Durant ce temps, les affaires liées au commerce, à la négociation, aux rituels courants nécessitent plus d’attention ou se voient freinées par des retards et des complications. L’introspection est de mise.
Le dieu Mercure aurait peut-être du mal à comprendre les cerveaux hypersollicités de notre époque. Les faits se voient transformés par de nouvelles virtualités sans cesse transformées. La connaissance se confronte à des probabilités chaotiques.
Les astrologues doivent digérer à la vitesse grand V la découverte des astéroïdes et planétoïdes.
Mercure a perdu quelque peu de sa sereine impartialité et froideur. Nous vivons à une époque où les Titans se réveillent. Neptune bouscule les climats, Uranus secoue les sols, Pluton réveille ses volcans. Il n’y a plus un mais plusieurs Mercure. La magie s’opère dans nos cerveaux et nos sens. En avons-nous cependant la maturité?
Plus que jamais, l’espèce humaine doit réfléchir. Elle doit ainsi continuer à nourrir parcimonieusement sa curiosité, baliser sa communication afin de demeurer alerte, jeune et sage. Elle se doit ainsi d’ajuster ses antennes et raisonner sa course afin qu’elle ne se brûle pas, tel Icare, les ailes, rendues si près du Soleil.